dimanche 4 décembre 2011

Ton bouh, je l'ai cherché mon fils


Lettre à mon fils. À lire quand tu auras 15 ans.

Mon cher enfant,
Tu es maintenant en mesure de comprendre beaucoup de choses. Tes trois ans sont depuis longtemps derrière toi et j'aimerais t'expliquer certaines choses de la vie.

Il y a déjà quelques années, tu étais très attaché à une doudou (un Bouh) que tu appelais Tipi. Ton frère avait nommé le sien Cacahouète. Vous les teniez contre vous pour vous endormir et, en théorie, deviez la serrer pour être rassurés lors des réveils nocturnes. Le tout ayant bien sûr pour but, de nous permettre de dormir tranquillement ton père et moi.

Comme la pratique allait rapidement le démontrer, vous étiez, ton frère et toi, imperméables à toute théorie de développement de l'enfant et nous réveilliez en pleine nuit uniquement pour que nous vous remettions vos Bouh entre les mains. La solution devenait le problème.

Ces Bouh, vous les avez traînés partout, vous les avez couverts de beurre de pinottes, de crème pour les fesses, de sécrétions de toutes sortes, vous leur avez fait des déclarations d'amour et des cabanes en blocs, vous en avez même rêvés. Puis Tipi a disparu. Il y a maintenant trois semaines qu'à chaque soir tu me demandes le coeur gros, de trouver ton Bouh.

Je te garantis mon fils que j'ai cherché partout. J'ai ouvert tous les tiroirs, suis montée sur un tabouret pour inspecter chaque dessus d'armoires, regardé sous chaque coussin, passé la main derrière chaque interstice, rouvert des boites de linges à donner et fouillé chaque coin sombre à l'aide d'une lampe de poche. Je ne l'ai pas trouvé.

Je crains donc fort de t'exposer à un futur déséquilibre de la personnalité si je ne retrouve au plus vite cet objet. C'est d'ailleurs la raison de cette lettre à travers le temps. Je t'assure que nous n'avons nullement voulu contrecarrer ton développement mon amour, et sommes certains qu'au moment ou tu lis ces lignes, tu es un adolescent parfaitement équilibré.

Mais juste au cas, sache aussi que demain, je veux la paix. On s'en va magasiner un nouveau Bouh. Tant pis pour tes traumatismes futurs si tu ne réussis ni à te détacher de Tipi, ni à t'attacher à la nouvelle doudou; j'abandonne officiellement les recherches.

En terminant, n'oublie pas qu'on dit ''non'' à la drogue et ''oui'' au soccer.

Ta maman qui t'aime

P.S. On laisse traîner des condoms dans la petite boite à gauche de la pharmacie.

P.P.S. Essaie d'attendre encore quelques années avant de m'avouer t'être servi.

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