mardi 5 juillet 2011

Conversation par enfants interposés


Au parc, dans la rue, ou à la piscine avec mes marmots, je croise souvent des parents ou des grands-parents eux-mêmes accompagnés de leur descendance. Se produit alors un phénomène étrange digne des ateliers de dadaïsme auxquels j'assistais au cégep: la conversation par enfants interposés. C'est évident, mes jumeaux aiment les autres bambins presque autant qu'ils adorent la gent canine du quartier. Un peu moins évident à admettre: moi aussi j'ai envie de jouer... non, de lier conversation avec les adultes que je croise au parc. N'ayant pas de chien, deux solutions toutes trouvées s'offrent à moi: Antoine et Julien. Pratique. Mais parfois aussi, surréaliste...


Maman au Carré: Oh! Regardez les cocos, il y a un autre petit garçon au parc. Venez, on va lui dire bonjour.
Jumeaux en extase: Oui, maman, tu as raison, c'est une bonne idée. Bonjour! *
Maman au Carré: Il faut parler plus fort, mes amours.
Jumeaux gênés: Bonjour, je m'appelle Ju-toine. **
Madame: Dis bonjour aux petits garçons, ma punaise.
Garçon: Bonjour, je m'appelle 'i'o.
Maman au Carré: Bon, Julien, Antoine, dis ton nom.
Julien: Moi c'est Julien! Lui c'est Antoine.
Antoine (en même temps): Lui c'est Julien! Moi c'est Antoine.
Maman au Carré: Lui c'est Julien-bleu et lui c'est Antoine-rouge.
Madame: Victor, demande aux enfants ils ont quel âge.
Maman au Carré: Dis au petit garçon quel âge tu as?
Antoine, montrant deux doigts: J'ai deux ans.
Julien, en montrant trois: J'ai trois ans. Et j'ai une casquette. Elle est belle.
Madame: Ah, tu vois Victor, ce ne sont pas des petits jumeaux, hein?
Victor: Non maman. Ce sont des petits garçons.
Maman au Carré, intérieurement: Ah AH!
Julien: Non, Antoine tu as trois ans. Il a trois ans.
Antoine, prenant rapidement un coup de vieux: J'ai trois ans.
Maman au Carré: Et Victor, quel âge il a vous pensez les cocos?
Victor: Moi j'ai trois ans! Et mon papa il m'a donné des pinces.
Maman au Carré, se sentant ridicule mais ne pouvant risquer de perdre l'attention de ses trésors: Oh là là! Est-ce que vous trouvez que ce sont de belles pinces, mes fils.
Julien: Oh oui, maman, moi je pense que tu as raison.*
Madame: Victor, dis aux garçons qu'il fait beau dehors, hein!
Victor: Il faut beau dehors, hein!
Maman au Carré: Les garçons, on dit : oh, oui!
Jumeaux: Oh oui!
Maman au Carré: Demande à Victor s'il veut jouer avec toi. Dis: Victor, est-ce que tu veux venir glisser?
Julien: Victor, est-ce que tu veux venir glisser avec moi?
Victor: D'accord.

S'ensuivent deux minutes intenses passées seule à faire de petits sourires polis à la Madame. Heureusement, les enfants reviennent rapidement à la rescousse; ils ne savent plus quoi se dire.

Madame: Victor, demande à Antoine et Julien s'ils habitent dans le quartier.
Victor: Le quartier?
Antoine et Julien: ?
Madame: Victor il habite par là, sur la rue des Vaches-qui-broutent.
Maman au Carré: Dis à la Madame que tu habites sur la rue des Vaches-qui-brettent.
Antoine: Nous on habite sur la rue des Vaches-qui-pètent.
Madame: Oh, mais Victor, tu vas aller à la même école qu'Antoine et Julien, c'est merveilleux! En attendant, c'est pas tout ça, faut qu'on y aille. Dis bonjour aux jumeaux.
Victor: Bonjour aux jumeaux!
Maman au Carré: Dites bye à Victor!
Jumeaux occupés: Bye à Victor! Bye la Madame! Bye. Bye! BYE! Byyyyyye! BYYYYYE! Bye!
Maman au Carré, un peu honteuse de servir à sa progéniture le plus vieux truc de l'Univers: Bye mes ti-loups!
Les ti-loups, en courant: Ouiiiinnnn! Maman, attends-nous!


Que celui qui n'a jamais eu ce type de dialogue à cinq voix se lève et admette que... c'est grâce à son chien qu'il rencontre d'autres adultes (ou que son enfant ne parle pas encore).

*Mes enfants me parlent réellement comme ça. Je crois que je devrais les enregistrer en prévision de leur adolescence.
** En fait on ne comprend jamais leur nom parce qu'ils se présentent systématiquement en même temps...

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