vendredi 27 janvier 2012

Incontournable fatigue



Quand on attend des jumeaux, c'est souvent au manque de sommeil que l'on pense en premier. Et je suis d'accord, c'est sûrement ce qui a marqué les premiers mois après leur arrivée.

Je désire écrire ce billet depuis longtemps, mais devant la complexité du sujet, je le repousse depuis des mois. C'est en lisant ma saga préférée (Le Chardon et le tartan), que je suis tombée sur l'extrait suivant et que je me suis finalement décidée. Il sonne si juste que je vous le transcris ici.

J'aurais dû dormir. Dieu sait que j'en avais besoin, autant pour échapper un moment à mes peurs et incertitudes que pour reposer ma chair tant malmenée. Toutefois, j'étais si fatiguée que mon corps et ma tête avaient commencé à se séparer. C'était un phénomène courant. Les médecins, les soldats et les mères le vivaient fréquemment. Moi-même, je l'avais souvent connu. Incapable de réagir à une urgence, l'esprit épuisé se retranche simplement un peu, se détachant des besoins égocentriques du corps. De cette distance clinique, il peut diriger, contournant les émotions, la douleur et la fatigue, prenant les décisions qui s'imposent en passant outre la faim, la soif, le sommeil, l'amour ou le chagrin. L'écho des coeurs lointains (Partie un), Diana Gabaldon, Libre Expression, p.513

C'est mon amie Magalie qui nous avait la première expliqué le concept de fatigue extrême. Elle disait qu'arrive un moment quand on est parent, ou l'on se dit que si l'on vit une autre mauvaise nuit, on s'écroulera littéralement, incapable de fonctionner. L'inévitable arrive, bébé ou fiston est encore malade ou inverse les besoins du jour et ceux de la nuit. Au matin, on réalise qu'on est encore plus fatiguée que la veille, que les enfants vont toujours bien, que la maison ne s'est pas écroulée... et nous non plus.

Et c'est là qu'est la bonne nouvelle, celle sur laquelle on doit se concentrer; on peut fonctionner sous fatigue extrême. Entendons-nous, ce n'est ni souhaitable ni évitable, (à moins d'avoir une nounou en permanence sous la main), mais c'est gérable.

Chez les parents de jumeaux plusieurs autres facteurs peuvent venir augmenter la fatigue: bébés prématurés ou de petits poids, accouchement médicalisé et souvent, césarienne (50% des accouchements de jumeaux), problèmes de santé chez la mère, stress sur les finances de la jeune famille, plus de visites dues à l'attrait que provoque l'arrivée de deux poupons ou encore maux de dos (vous aurez inévitablement à les porter ensemble même si le corps médical au grand complet s'insurge contre cette pratique).

Si j'ai des trucs à vous refiler? En dehors des conseils classiques comme bien manger, accepter l'aide, faire de l'exercice et laisser la poussière s'accumuler, j'avais les miens. Ils étaient bons pour moi, surtout le truc de la poussière, mais chaque famille développe les siens. Le 5-10-15 entre autre, est presque devenu une philosophie de vie pendant quelques mois. Pas celui pour le dodo (hypothétique!) des enfants... un autre 5-10-15. Il s'agit plutôt de maximiser chaque seconde de temps libre qui s'offrira à vous en les utilisant dès que possible.

Je vous explique... Quand on a une minute devant nous, c'est bon, on peut aller faire pipi. Cinq minutes, c'est le temps d'une douche. Dix minutes, c'est le temps que ça prend pour manger. On regarde ses bébés dormir, ils sont repus, changés, et on pense avoir un petit quinze minutes bien à nous? Il faut détourner les yeux de la vaisselle sale tentatrice, ignorer la montagne de linge à plier, contourner les miettes sur le plancher avant de tirer les stores, (que vous aurez bien sûr prévus opaques grâce à cette liste) pour vous écrouler dans le lit.

Mais surtout, il ne faut plus chercher à dormir huit heures consécutives. Songez plutôt à additionner siestes, power naps et sommeil nocturne ensemble pour combattre la fatigue. C'est psychologique, tout parent rêve de son huit heures! C'est l'inaccessible étoile. Je répète le mot clef à garder en tête. Inaccessible. On met une croix dessus pour les premiers mois. Rêvez-en, parlez-en, mais ne vous faites pas trop d'idées au risque d'être déçu et amer (ou de pouvoir retourner dormir chez ses parents). En résumé, gardez en tête qu'une journée de sommeil réussie peut également ressembler à 1 heure (sieste matinale)+1 heure (sieste en après-midi)+30 minutes (endormi en endormant bébé)+4 heures (nuit)+90 minutes (après les boire de nuit).

À méditer lorsqu'il sera trois heures du matin.

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