mardi 23 avril 2013

Intimidation à la garderie

 Prenez quelques secondes pour vous imaginer Maman au Carré à la pré-maternelle. Déjà ''au Carré'' grâce à un frère plus jeune, mais pas encore Maman. 4 ans et la langue bien pendue. Deux petites tresses ensoleillés de chaque côté d'une mignonne tête qui dépasse tous les petits copains de la garderie. En jupe ou en robe, la plupart du temps.

Depuis quelques jours, je repense à un incident qui s'est produit dans les escaliers du centre culturel du petit village où se tenait notre classe. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'était un ancien couvent avec de très hauts escaliers et de larges marches. É.L. (je me souviens encore de son nom, même s'il n'a passé qu'une année avec moi) voulait me taquiner et a soulevé ma jupe pour la dernière fois de sa vie. La veille, ma mère m'avait dit de me défendre s'il recommençait. Je me suis donc retournée et je l'ai poussé. Fort. Du haut des escaliers. C'est drôle, il s'est fait vraiment mal mais je ne me rappelle pas m'être fait ''chicaner par la maîtresse''. Ce que je sais par contre, c'est que j'ai eu la paix pour tout mon primaire.

Quelques trente ans plus tard, jeudi dernier donc, je suis arrivée un peu plus tôt à la garderie et j'ai assisté à un tout autre type de scène qui m'a complètement bouleversée.

Naïvement, je m'étais imaginée que l'intimidation commençait seulement avec l'école primaire. Qu'à la garderie j'aurais à gérer des morsures, des tapes, des crises voire des insultes. Mais du bullying? Des menaces? Non. Également, j'ignore pour quelle raison j'avais pensé que mes enfants seraient plutôt du type ''agresseurs'' que ''victimes''. Peut-être parce que je les voie souvent se défendre l'un de l'autre, que je les entends régulièrement dire à des adultes qu'ils n'aiment pas certains de leurs comportements, peut-être aussi parce qu'ils ne sont pas gênés et n'ont pas la langue dans leur poche? 

Toujours est-il que jeudi, j'ai vu deux camarades du groupe des jumeaux immobiliser Julien contre la clôture et lui glisser quelque chose à l'oreille. Mon fils ne s'amusait clairement pas alors que les deux autres riaient ensemble et se lançaient des regardes complices. Après que Julien soit venu me rejoindre, l'éducatrice a pris quelques minutes pour m'annoncer que Julien et Antoine étaient victimes d'intimidation de la part de trois enfants de leur groupe, que mes fils n'osaient rien dire ni se défendre même s'ils n'aimaient pas ça.

Je suis tombée des nues. Je savais que ces trois enfants frappaient les miens, mais je croyais qu'ils donnaient des coups également à tous les autres. Depuis nous avons fait notre enquête et ce que nous avons appris donne froid dans le dos.

-Un des intimidateurs utilise régulièrement les menaces pour empêcher les autres de le dénoncer: ''Si tu le dis, je vais t'arracher les oreilles et je vais te rendre mort."
-Nos enfants se font frapper tous les jours. Ils n'osent pas répliquer ni dénoncer et figent par peur de perdre leurs ''amis''. Souvent, lorsqu'ils vivent des journées... intenses avec leurs camarades violents, ils ont tendance à être méchants et violents avec leur frère. Jamais envers le petit qui les a frappé.
-Antoine et Julien, sont deux petits ''geeks'' très chanceux qui, malgré leur jeune âge, participent déjà à des jeux de rôle de type GN (grandeur nature) médiéval. Pour eux, des orcs, des elfes et des gobelins, c'est bien plus réel que Batman ou Spiderman et ils en parlent beaucoup lors des causeries. Selon l'éducatrice, les trois petits se moquent d'eux ouvertement lorsqu'ils évoquent leurs aventures.
-L'éducatrice nous dit que le leader est suivi...Et ajoute (doux rayon de soleil qui réconforte) que mes fils ont de belles valeurs, veulent plaire et sont très bien élevés...

Je sais bien que l'agressivité est innée chez les enfants et que lorsqu'elle se manifeste, c'est important de viser à modifier le comportement sans y voir une menace. Malheureusement, ici, ce n'est pas seulement d'agressivité dont il est question. Lorsque je fouille un peu dans mes ressources d'enseignante et que je découvre que ce que vivent mes enfants correspond en tout point à la définition de ce qu'est l'intimidation selon le Ministère de l'éducation, je m'inquiète!

- inégalité des pouvoirs;
- intention de faire du tort;
- des sentiments de détresse de la part de l’élève qui subit de l’intimidation;
- la répétition des gestes d’intimidation sur une certaine période. 

Et maintenant on fait quoi?
 La situation se détériore, l'éducatrice est à bout de ressources et les solutions évoquées par Papa au Carré me semblent "légèrement'' excessives et frisent l'incitation à la violence. D'un autre côté, pour être franche, j'aime mieux savoir que mon enfant frappe en retour plutôt que de le voir tendre l'autre joue. C'est très, très délicat et j'ai bien hâte de voir de quelle manière nous parviendrons à rendre Antoine et Julien plus aptes à parler et dénoncer clairement ce qu'ils vivent. 

Ce serait tellement plus simple si les escaliers de la garderie étaient plus hauts!

2 commentaires:

  1. L'éducatrice est carrément inadéquate. Allez voir la direction de la garderie.

    C'est arrivé à ma fille de quatre ans, à la garderie également. Éducatrice tout aussi nulle. Voyons voir. Quand ma fille arrivait, un enfant disait toujours "Oh!non, pas X! Va-t'en!" Il n'était pas toujours là à l'arrivée de ma fille mais selon elle, il le disait également à chaque fois qu'il rentrait plus tard qu'elle. Elle le craignait et ne voulait plus aller à la garderie. J'en avais parlé à l'éducatrice qui ne semblait pas trouver ça grave et disait qu'elle n'avait jamais entendu le petit garçon dire ça. Un jour, on avait un rendez-vous chez le docteur et on arrive tard, le groupe de ma fille sortait pour aller au parc. Le petit garçon se pince le nez et dit clairement et fortement "Oh non! Pas X!" Les autres rient. L'éducatrice, qui ne peut pas ne pas avoir entendu, dit seulement au groupe de se dépêcher. Je reviens sur mes pas et demande son nom au petit monstre et alors, je dis très fort "Oh non, pas Y, pas lui, ouache, qu'est-ce que tu fais là Y? Tu devrais t'en aller." J'en mets et j'en mets jusqu'à ce qu' Y se mette à pleurer. La nouille d'éducatrice me regarde comme si j'étais une extraterrestre. "Tu n'aimes pas ça te faire parler comme ça, Y? Alors ne dis plus jamais ça à ma fille, tu as compris?" Il avait compris.

    RépondreSupprimer
  2. Quand les adultes autour de nos enfants n'arrivent pas à envoyer un message clair, comment espérer que nos cocos comprennent?

    Effectivement, nous avons rendez-vous avec la directrice jeudi. Cependant, je n'espère pas grand chose de cette rencontre puisque la semaine dernière, je voulais que Julien raconte comment un des enfants avait déchiré son dessin et qu'Antoine lui dise que le même enfant l'avait frappé au bras et lui montre le résultat et... elle a dit qu'elle ne voulait pas les ''entretenir'' là-dedans...

    Première question jeudi prochain: Madame, que connaissez-vous de l'intimidation?

    Je vous en redonne des nouvelles! Espérons que je serai plus positive. :)

    RépondreSupprimer