jeudi 18 avril 2013

Une première que j'aurais préféré éviter

Faire du tirage, pompes brune et rouge, toux à l'effort, saturation...

Depuis presque trois ans, c'est malheureusement devenu un vocabulaire familier pour moi. Un peu trop familier d'ailleurs...

Avoir des enfants asthmatiques, c'est aussi les visites à l'urgence pour des séances d'inhalothérapie, les infections respiratoires à répétition, les réveils nocturnes fréquents pour les soins (plus épuisants pour moi que pour eux qui se rendorment aussitôt), sensibilisation du problème auprès des éducatrices, élimination des bêtes à poils, tapis et toutous... Et c'est surtout devenir experte en prise de décisions: aller à l'urgence, prendre rendez-vous ou attendre de voir si le Ventolin fonctionne?

Hier, tout de suite après la journée à la garderie, c'est à l'urgence que j'ai décidé d'amener Antoine pour son tirage. Ce n'était pas très impressionnant parce qu'il ne toussait presque pas, mais même après sa pompe bleue, il respirait trop vite, ses ailes du nez battaient un peu et ses côtes creusaient parfois à force de chercher son air. Je n'étais pas certaine de mon coup, mais je voulais vraiment connaître sa saturation (taux d'oxygène). C'est armée de quelques livres pour enfants, d'une couche, d'un change et d'une collation pour lui que j'ai pris la direction de notre hôpital pour enfants préféré.

Je connais son Urgence par coeur: ses merveilleux bénévoles, sa salle d'attente dans laquelle on passe rarement plus de 10 minutes, son personnel originaire des quatre coins du monde et malgré tout, tous bilingues, sa section inhalothérapie et ses protocoles... Mardi soir par contre, après qu'Antoine ait été comme à l'habitude classé P2 (nécessitant des soins immédiats car son état de santé représente une menace potentielle pour sa vie.) et ait commencé sa routine avec le premier masque de Ventolin, mon instinct de maman m'a soufflé que quelque chose clochait. Habituellement, dès ce premier traitement, Antoine sature très rapidement à 99/100%. Mardi, il peinait à remonter à 95/96% puis, dès que le médicament était évaporé, il redescendait même s'il était toujours sous oxygène. Inquiétant. D'autant plus que je semblais être la seule à trouver ça inquiétant...

C'est vers 22h00 qu'on nous a envoyés prendre des radiographies de ses petits poumons. Antoine avait son oxygène portatif, l'oxygène venait avec un préposé et nous sommes passés avant tous les autres enfants qui attendaient, c'était impressionnant! Lorsque j'ai réussi à jeter un coup d'oeil sur la radio d'Antoine, j'avoue que j'ai commencé à avoir hâte d'entendre le vrai diagnostic... On voyait toute une partie de son poumon droit sur la radio... Ça ne pouvait pas être bon signe...

De retour à l'Urgence, où nous avions heureusement notre propre chambre, l'état général d'Antoine détériorait malgré les soins. Bien qu'il se soit baladé partout dans mes bras, l'effort d'aller prendre les radios avait été de trop pour ses petits poumons malades. J'étais assez découragée et, comme à chaque fois que son asthme fait des siennes, je culpabilisais d'avoir accouché prématurément (je sais, j'ai l'art de m'en faire pour des choses sur lesquelles je n'ai aucun contrôle!).

Ensuite, soupçonnant que la tache blanche que j'avais vue cachait autre chose qu'une pneumonie, le résident nous a envoyé refaire des clichés.

''Maman, j'ai dit à mes poumons de faire un sourire!''.

Ce qui ennuyait Antoine cette fois, c'était une petite pneumonie et un gros collapsus pulmonaire, les deux compliqués et causés par un asthme mal contrôlé. Évidemment, ils ont décidé de l'hospitaliser. Antibiotique par intraveineuse, oxygène en permanence, monitorage de la saturation, on a eu droit à tout le bataclan. Et à trois heures du matin, alors que mon dos n'en pouvait plus de transporter mon fils partout et de le replacer dans son lit, oh miracle! une chambre!

Se sont ensuite succédé une foule de résidents qui posaient tous les mêmes questions auxquelles je n'avais que des réponses approximatives. On s'attendait de moi que je me rappelle le nombre de bronchites, de péri-bronchites et de rhumes depuis deux ans, ses premières heures après la naissance et son poids en kilos, les deux sortes d'antibiotiques pris lors de sa pneumonie d'octobre, le nom de sa pompe brune, sa posologie, alouette! À quatre heures du matin? Alors que j'ai du mal à me rappeler de mon numéro d'assurance sociale même après avoir bu un café?? Et que j'ai le même modèle version "B'' qui cumule lui aussi les infections??? Dans un éclair de génie uniquement dû au fait que j'avais un visuel sur le lit d'appoint préparé par un merveilleux préposé, j'ai suggéré à un résident d'aller jeter un coup d'oeil au dossier d'Antoine et de passer un petit coup de fil à la pharmacie s'il était encore curieux.

On se satisfait de peu à 4h30 du matin; une surface plane sur laquelle poser mes vieux os, c'est encore mon meilleur souvenir des dernières 48 heures...

Antoine a repris graduellement du mieux et a pu sortir vers 18h00 mercredi. Depuis, il a retrouvé sa personnalité habituelle. Enfin... habituelle plus ou moins...  Plus énergique, plus coquin, plus sensible, moins patient, moins obéissant. C'est la cortisone et le Ventolin qui ont transformé mon petit garçon en une vraie petite terreur! À bien y penser, je l'aime beaucoup mieux comme ça!

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