mercredi 23 janvier 2013

Le froid qui pique

Vague de froid par chez nous en ce moment, je vous écris donc tout en jetant des coups d'oeil au feu de foyer allumé par Papa au Carré tout à l'heure. Il brûle doucement, crépite, danse et jette des lueurs sur les visages des jumeaux qui écoutent une petite émission avant le dodo, c'est magnifique à voir.

Par chance, mon auto démarre toujours au quart de tour. Il fait si froid et je travaille si près de chez nous qu'elle n'a jamais le temps de vraiment réchauffer l'habitacle. Mais bon, de toute façon, il faut travailler à des dizaines de kilomètres de chez soi pour voyager au chaud par les temps qui courent au Québec. Un seul ennui par contre, notre garage déjà rempli ne me permettant pas de faire dégeler les deux portières coulissantes complètement gelées, les enfants doivent passer par mon siège pour s'installer sur les leurs. Je dois ensuite me contorsionner et prendre de drôles de positions pour clipper la seule attache qu'ils ne sont plus capables de boucler à cause de leurs habits d'hiver. J'ai vite réalisé que j'avais plutôt un problème avec mon orgueil qu'avec de potentielles taches sur mes sièges et me stationne tout simplement le plus loin possible des autres parents de la garderie.

À l'école, comme à la garderie, le personnel consulte les chartes de températures hivernales/facteur éolien et les enfants restent à l'intérieur la plupart du temps. La tension monte, les fenêtres givrées nous empêchent de voir les immenses buttes de neige dans la cour, on sent l'électricité dans l'air, le silence est difficile à obtenir et les chaises accueillant les fesses de mes élèves semblent plus inconfortables à chaque récré passée à l'intérieur. J'essaie d'organiser mes cours pour leur permettre de gigoter un peu, j'allonge les moments passés à mimer les verbes d'action, mais c'est de lumière et d'air frais dont ils ont besoin.

J'entends plusieurs personnes dire: "Il n'y a pas de mauvaise température, il n'y a que des gens mal habillés." Je suis d'accord lorsqu'on parle de sport hivernal, mais certainement pas quand il s'agit de surveiller la cour d'une école. Vous devriez me voir rentrer avec mes cocos, tenter d'avoir des yeux tout le tour de la tête, inciter les élèves à se préparer tout en retirant mes pelures d'oignon, avant de superviser le déplacement... toujours vêtue de mes pantalons de neige et chaussée de bottes mouillées. J'ai donc hâte que le mercure remonte un peu, ma chaude tuque à pompoms est loin d'être seyante puis, il n'y a rien qui stimule autant les petits esprits que quinze minutes passées à jouer au Roi de la Montagne. J'avoue par contre, que si j'avais pu étrenner aujourd'hui mon nouveau bikini dehors, bien au chaud dans un spa, je ne serais sûrement pas en train d'exercer mon sacro-saint droit québécois au chiâlage sur notre climat.

À la garderie d'Antoine et Julien tantôt, une éducatrice nous a vus passer tous les trois bien habillés et en a déduit qu'on s'en allait jouer dehors. "C'est pas un temps pour aller dehors, là, vous allez geler.'' Les jumeaux ne se laissent pas démonter: ''On s'en va glisser, nous!''
Éducatrice qui vient de passer trois jours sans déranger un seul flocon du sol immaculé de la cour de la garderie: "Ben voyons donc, c'est ben trop dangereux, il fait froid!''
Moi, un brin découragée: ''Ben, si on a froid, on va rentrer."

Arrivés à la maison, les jumeaux se sont improvisés une glissade avec les escaliers du patio et ont eu tellement de plaisir qu'ils ne voulaient plus rentrer. Vraiment plus rentrer. Même pas pour faire un petit tour à la toilette. C'est pourquoi Jumeau X a fait pipi dans son pantalon. Évidemment, jumeau Y l'a imité pour ne pas être en reste. ''Je voulais juste faire comme Jumeau X, maman, c'est pas grave!'' Précisément la journée où Papa au Carré a mis la machine à laver en quarantaine pour travailler dans ce coin-là...On n'avait pas (si!) froid, mais on est rentrés quand même...


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