lundi 30 août 2010

Petite moment philosophique derrière la laveuse

D'abord publié le 27-09-09

Je regardais mes couches de coton se faire laver et ça m’a fait penser à tous ces bidules de la vie courante que nous tenons pour acquis. Je ne parle pas de la technologie de fous qui nous permet de monter la température à 16h00 parce que notre tante attrape généralement un coup de froid en fin d’après-midi ni même à nos i-pods, courriels, agendas électronique, cartes à puces ou autres. De toute façon, ces derniers consomment souvent plus de temps et d’énergie qu’ils ne nous en épargnent !
Non, je pensais plus à tout ce que Papa au Carré et moi sommes contents de retrouver après une activité médiévale. Quand nous reculons de 1000 ans pour aller à Bicolline, nous nous y sommes préparés. C’est seulement une illusion puisque nos vêtements sont appropriés au climat, propres, déjà tissés, cousus (pas assemblés, cousus) notre nourriture est tuée, assaisonnée, nutritive, abondante quelle que soit la saison et nous sommes en santé. Et c’est malgré tout un choc culturel à chaque fois.
J’imagine alors ce qu’aurait été ma vie à cette époque. Comme le dit si bien mon chum, cet exercice est inutile puisque je serais probablement morte et lui, pour s’occuper de ses jumeaux, aurait marié en secondes noces une jolie jeune femme de 16 ans riche de sa bouche aux 16 dents !
Il n’y a pas si longtemps donc, j’aurais passé toute une journée par semaine au lavoir, cela sans compter les lavages de couches, qui n’auraient probablement pas été en coton… Le but de mes journées aurait été de réussir à nourrir tout le monde convenablement : ramasser, engranger, tuer, saler, dessaler, mijoter, pétrir. Sans électricité, et donc sans cuisinière, cela va de soit, mais sans lumière aussi ! Quand on sort dehors aujourd’hui, c’est brumeux et un peu froid ; on couvre bien les garçons et on se dépêche à entrer dans la voiture ou la maison. C’est probablement inimaginable pour nos ancêtres! Un tel degré de confort leur semblait sûrement si impossible que je parie qu’ils n’osaient même pas y rêver pour leur roi.
Nous avons donc atteint et dépassé les attentes les plus folles de nos ancêtres ; la possibilité d’un confort physique presque absolu par la maîtrise artificielle de notre environnement. Mais si fragile ! Et si injustement distribué! Pourquoi la mince ligne entre confort et superflu a-t-elle été brouillée si rapidement dans notre histoire? Nous ne faisons même plus la différence entre nos besoins en eau courante et en communication électronique ! Demain arrive une panne d’électricité et nous serons totalement démunis. À quel endroit prendriez-vous votre eau en cas de panne du système d’aqueduc ? Dans quel état se retrouveraient nos villes et villages sans égouts ?
Bref, je regardais mes couches se faire laver et je pensais à mon corps de femme de 32 ans qui fonctionne parfaitement, à mes dents qui sont toutes intactes, à mes fils qui sont vivants, aux temps libres que je réussis malgré tout à avoir Et j’ai éprouvé une reconnaissance immense pour l’humanité qui a réussi à nous procurer ce confort, artificiel oui, certainement fragile, bien que parfois complètement inutile, mais ô combien apprécié.
Je me dis que même si on a dépassé les limites pour certaines choses, il faut tout de même prendre le temps (puisqu’on l’a !) de se souvenir de ce que notre vie devrait logiquement être.

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